La mémoire traumatique… Vous savez, c’est la mémoire qui vous a fait défaut pendant un temps histoire de vous permettre de continuer de vivre face à un événement dramatique mais, qui se réveille dès qu’il y a quelque chose en lien avec cet événement.
Et bien voilà, j’avais oublié. Et, une nuit, j’ai fait un cauchemar. L’une de ses nombreuses nuits où je suis mortifiée en imaginant aller aux toilettes et que ces dernières débordent. Je vois toute cette eau qui n’en finit plus de sortir et qui inonde tout. C’est affreux car je me sens impuissante et j’attends béatement de finir noyée. Mais, j’ai en parallèle, la peur viscérale que quelqu’un va venir et m’insulter, me ridiculiser pour mettre retrouvé dans cette situation. La peur du regard de l’autre…
Et donc, après cette merveilleuse nuit, le lendemain matin, je me sentais déprimée avec une impression de fond que « quelque chose » allait se passer. Je n’avais plus goût à rien et je ramais pour me lever de ma chaise, m’habiller, me laver (alors que ça fait partie de mes passe-temps préféré !). Puis, d’un coup, le « film » s’est mis en branle devant mes yeux…
J’ai revu cette chambre d’hôtel assez belle. Cette jolie moquette blanche si soyeuse sous les pieds. Mais surtout, cet homme si bien habillé dans son costume de grande marque et ses chaussures italienne si bien vernie. Puis l’enveloppe est arrivée. Mon cadeau… Plus que ce qui était prévu. Curieux mais, avec un homme pareil en face, je me suis pensé qu’il voulait compenser son malaise d’être dans cette chambre. Mais non, la raison était tout autre. Il avait conscience que ce qu’il allait me faire dépassait largement ce qui était prévus… Je le revois nu, s’accroupir sur la belle moquette et commencer à pousser. Il n’a rien dégueulassé puisqu’il a tout récupéré dans ses mains. Puis il est venu vers moi qui étais totalement estomaquée. Là, tout est allé très vite : il m’a « caressé » le visage avec. Il me souriait comme s’il me faisait un cadeau… J’étais à moitié assise sur le lit et du coup, je me suis vomi dessus. Il a été ravi…
Vivre les choses, c’est déjà difficile mais, il n’y a que le ressentis. Par contre lorsque je me suis dirigée vers la salle de bain et que le miroir m’a renvoyé mon image, là mon esprit a chuté… Il est aberrant de devoir faire face d’un seul coup à une réalité qui semblait impensable seulement 1 heure plus tôt… Je me suis lavée, frottée, savonnée comme une damnée mais rien y a fait. Je voyais toujours ces marques sur mon visage. J’avais toujours cette odeur dans le nez. Mais surtout la sensation inconnue de cette matière chaude et un peu visqueuse a été obligée d’être intégré à ma palette émotionnelle de « sensations ». Cette douleur de vouloir m’arracher le visage a duré 5 jours. Puis, je suis tombée dans le déni total pour pouvoir survivre psychiquement.
Aujourd’hui, je vais bien par rapport à ça… Cette ordure n’aura pas réussi à salir mon âme. Je ne sais pas ce qu’il a vécu dans son enfance pour en arriver à faire des choses pareilles sur des personnes non-consentantes mais, une chose est certaine : lui a peut-être été changé en monstre, moi par contre j’ai eu plus de caractère que lui, je ne suis pas devenu une grosse maniaque psychotique par sa faute !
« Lorsqu’on est adulte, on sait que l’on perd une partie de soi-même quand il faut tolérer des faits que l’on aurait jamais imaginés avant leur survenue. Le sol sur lequel on s’est construit se fissure alors. » Natascha Kampusch 3096 jours.









